11h30 : Hélène LARVOR-CARIO
Broderie populaire en Bretagne : d’hier à aujourd’hui
L’art d’orner le vêtement existe de tout temps dans tous les peuples du monde. Ethnographiquement,
c’est un art-artisanat universel, intimement associé à l’art du paraître populaire, aristocratique ou lié au divin. En Bretagne, le costume traditionnel s’est diversifié au XIXème siècle et au début du XXème siècle
de manière exceptionnelle, avant de disparaître de la vêture quotidienne. Broderies et dentelles ont
largement contribué à l’ornement, à la diversification et au rayonnement de ces mises populaires.
Intégrant les nouveaux matériaux et les nouvelles techniques, nombre de petites mains anonymes
(tailleurs, brodeurs, dentellières) ont exprimé des talents de stylistes inventifs, encore reconnus
aujourd’hui. Forte de ses racines, la broderie bretonne connaît un renouveau par des associations, des
cours, des cercles celtiques où chacun peut apprendre les gestes et les techniques afin de réaliser un
costume traditionnel ou de « customiser » son vêtement.
Docteur en Biologie marine et professeur de Sciences de la Vie et de la Terre, Hélène LARVOR-CARIO
se passionne pour l’art textile et la broderie. Son aventure commence à 6 ans, sous les regards
encourageants de sa mère et de sa grand-mère, elles-mêmes brodeuses amateurs. Entrée au cercle
celtique de Douarnenez à 14 ans, elle hérite du costume de mariage (1900) d’une arrière grand-mère du
Juch. Travaux de restauration et reconstitutions de pièces anciennes lui font découvrir de nouvelles
techniques et la plongent dans la broderie bretonne. C’est donc par la pratique qu'elle aborde ce sujet qui
deviendra sa passion. Parallèlement à ses études scientifiques, elle continue à broder. Elle passe une
qualification de moniteur de broderie avec l’association Warl' Leur et participe à des cours et des stages
comme professeur. Elle a publié deux ouvrages remarquables : Broderie en Bretagne, avec Viviane
Hélias, en 2007 et Dentelles en Bretagne, en 2008 En 2011, elle participe à la réalisation de l’exposition
Brod’Enez au Château de l’Hermine à Vannes, avec le concours de l’Institut Culturel de Bretagne.
12h-12h15 : questions et débat
12h15-14h : repas libre
14h : Michel GUILLERME
Une moitié du pays breton trop souvent oubliée dans le domaine des Arts et Traditions populaires : la
Haute-Bretagne
Aussi vaste que le Danemark, la Bretagne, à l'identité marquée dans son ensemble, rassemble
néanmoins deux entités de taille similaire qui offrent des terroirs et des cultures diversifiés et
sensiblement contrastés : la Basse-Bretagne, celtique et bretonnante, à l'Ouest et la Haute-Bretagne,
celtique et romane (de langue d'oïl) à l'Est. D'apparence moins « exotique » et plus ouverte, par sa position géographique, aux influences dites françaises, la Haute-Bretagne a très souvent été ignorée,
délaissée voire méprisée par les regards de l'intérieur comme ceux de l'extérieur. Cela dure depuis le
XIXème siècle alors que le vestiaire haut-breton est tout aussi riche et diversifié que son voisin basbreton,
davantage mis en avant par les clichés touristiques et régionalistes.
Chercheur, spécialiste des danses et costumes de haute-Bretagne, Michel GUILLERME est référent à la
Confédération Kendalc'h plus particulièrement pour les terroirs de Penthièvre et du Comté nantais.
14h30 : Romain BOURGEOIS
Sources, stéréotypes et recherches sur le costume régional entre Bresse et Mâconnais
Connu dans les illustrations depuis le XVIème siècle, le costume bressan ne cesse d'évoluer dans sa
représentation, au service de l'image d'un territoire, de revendications régionalistes, du tourisme ou
encore de la publicité, parfois sous des formes stéréotypées plutôt insolites. L'analyse des sources
iconographiques et des collections publiques et privées révèlent pourtant des costumes très diversifiés,
aux codes variant subtilement d'un « pays » bressan à l'autre, selon les époques ou les circonstances
socio-économiques. Peu connu du grand public, comparés aux tenues provençales, bretonnes ou
alsaciennes, le costume bressan revêt une grande richesse. Il s'agit de présenter l'histoire de sa
perception jusqu'aux recherches les plus récentes et le travail actuel au sein de musées ou d'associations
pour le faire connaître.
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Titulaire d'un DEA en Histoire de l'art, Romain BOURGEOIS se passionne pour l'interdisciplinarité,
notamment entre art « officiel », arts populaires et courants régionaux. Membre actif de groupes
folkloriques depuis plus de vingt ans, il a collecté les savoir-faire liés au repassage des coiffes en Bresse
et en Mâconnais. Il a dirigé les Musées de Châtillon-sur-Chalaronne (Ain) avant de prendre la tête du
Musée du Terroir à Romenay (Saône-et-Loire), qui possède près d'un millier de pièces de costumes
régionaux.
15h : Amaury BABAULT
L'Arlésienne berrichonne : à la recherche du costume perdu ?
Depuis plus d'un siècle, il n'est pas ou peu connu de costumes dits « berrichons » hormis la blouse
bleue, le foulard en pointe et le petit chapeau de feutre pour l'homme et la coiffe brodée et le fichu plié sur les épaules pour la femme… Quelques pièces vestimentaires (la blouse bleue ou l'ample limousine
rayée masculines, la capiche de drap bleu ou noir féminine) sont perçues et affirmées comme
particulièrement typiques et représentatives de l'habillement des anciens berrichons, alors qu'elles ne
l'étaient pas réellement ou systématiquement. Comment expliquer ce fossé entre cette imagerie
stéréotypée et la richesse et la diversité des anciennes pratiques vestimentaires ? C'est l'accumulation et
le croisement de regards parallèles et parfois concurrents (ethnographie, régionalisme, tourisme…) qui
ont construit l'identité « habillée » du Berry souvent réduite à un costume unique et du coup en partie
artificiel.
Membre depuis son enfance, des groupes d'arts et traditions populaires la Rabouilleuse d'Issoudun et les
Thiaulins de Lignières, titulaire d'une maîtrise d'histoire contemporaine et enseignant d'histoiregéographie,
Amaury Babault s'intéresse à la culture populaire berrichonne et plus particulièrement la
danse, la musique, le chant et le costume. Travaillant sur les pratiques et les représentations
vestimentaires berrichonnes depuis vingt ans, il approfondit les pistes de recherches posées par Jean
Favière et Daniel Bernard. Plusieurs expositions temporaires lui permettent de présenter régulièrement
les résultats de ses recherches : En Berry, se vêtir et s'habiller beau (2011-2012) présentée en deux volets
annuels au château du Plaix avec les Thiaulins de Lignières, le vestiaire des âges de la vie (2004), 200
ans de costume en Berry (2009) et l'habit ne fait pas le moine (2014) présentées dans les locaux de la
Rabouilleuse d'Issoudun. Il vient de publier L'habit ne fait pas le moine ? (pratiques et imaginaire
vestimentaires dans le pays d'Issoudun et en Berry depuis la fin du XVIIIème siècle).
15h30-16h : questions et débat
16h-16h15 : pause
16h15 : Nathalie GAILLARD
Pour une bonne conservation des collections textiles : de la théorie à la pratique
Les tissus et vêtements sont fragiles. La lumière, les insectes peuvent être des causes de dégradations
rapides et définitives. C'est pourquoi il est nécessaire de prendre certaines précautions tant au niveau
du stockage que de la présentation au public. L'objectif de cette intervention est de sensibiliser les
amateurs et collectionneurs textiles à la conservation préventive grâce à des méthodes simples et faciles à mettre en oeuvre dans le cadre individuel ou associatif.
Après des études en documentation et en histoire de l'art, Nathalie Gaillard est recrutée au Musée de la
Chemiserie et de l'Élégance masculine d'Argenton-sur-Creuse en 1989 pour l'inventaire et la gestion des
collections. Elle a suivi de nombreuses formations sur la conservation et notamment la conservation
textile. Depuis 2004, Elle est attachée de conservation du Patrimoine et elle dirige le Musée. Elle
propose de nombreuses expositions d'art textile ou de thèmes plus proches des collections permanentes.
16h45 : Questions et conclusion de la journée puis visite du musée de la Chemiserie et de
l'élégance masculine commentée par Nathalie Gaillard.
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